Fragments d’une mosaïque contemporaine hors cadre
démarche artistique
Ma mosaïque se veut un théâtre d’ombre et de lumière —
murmure d’une évasion.
Un territoire subtil, où s’immisce chaque tesselle,
dans une tentative d’équilibre.
Entre tension et sérénité,
entre densité et légèreté,
entre éclat et effacement : une respiration retenue.
Créer, pour moi, ne consiste pas à remplir un espace,
mais à y faire vibrer une absence.
Je ne cherche pas l’effet.
Je cherche le trouble.
Silencieux. Lent. Persistant.
Ce qui affleure est plus important que ce qui s’impose.
La surface devient un seuil — un passage, une attente.
Un à un, mes objets d’art ouvrent au regard
un espace suspendu, un refuge, un étonnement.
Ma mosaïque est un langage.
Non une citation du passé,
mais une grammaire ouverte, contemporaine, sensorielle.
Le temps du faire — long, exigeant, répétitif —
devient une façon de penser avec les mains.
Comme un souffle,
l’influence japonaise traverse mon travail :
une esthétique de l’épure expressive,
l’attention portée à ce qui ne se dit pas.
L’insularité n’est pas un décor.
C’est une manière d’être au monde.
Habiter une distance, éprouver l’horizon, accueillir le vide.
Je compose avec des fragments —
non pour reconstruire un tout,
mais pour fissurer l’évidence.
L’insularité comme expérience intérieure
Manifeste sensoriel
Il y a dans mes œuvres quelque chose de l’île.
Non pas l’exotisme d’un ailleurs,
mais l’apparition discrète d’une présence isolée.
Il y a une tension entre silence et vibration,
entre matière dense et lumière contenue.
Je travaille la surface comme une passerelle —
entre visible et invisible, entre le lointain et l’intime.
Il y a un vide — plein de sens.
L’éclat vient de l’ombre. Il affleure.
Et c’est ce qui le rend précieux.
Ce qui semble figé, en réalité, vibre.
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— D’art et de matière
Ni référence historique, ni pur ornement.
Je conçois la mosaïque comme un terrain d’interaction entre reliefs et reflets — un lieu de frictions, de discrétions, de surgissements.
L’éclat ne s’y livre pas d’emblée, mais se découvre au creux de la matière, tesselle après tesselle.
Une forme contemporaine, intensément là.
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— Une nécessité absolue d’extraction
Mon travail procède d’un mouvement intérieur —
d’un temps à part, où je puisse respirer, fuir.
D’où ce glissement tangible vers l’insularité, que je ressens comme un écart fertile.
L’île est une topographie de l’âme, arrachée au silence.
L’horizon y est si lointain qu’aucune limite ne se fait sentir.
Pas d’obstacle, pas de contrainte — seule cette impression d’immense liberté que racontent les grands navigateurs.
C’est dans cet écart que la présence se forme.
Elle fait écho à une esthétique japonaise
qui me traverse profondément : le Ma
— cet intervalle habité, ce non vide qui relie, rythme, fait sens.
Ce qui résiste à l’évidence, se tient en marge,
appelle une attention lente, m’aimante.
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— L’espace n’est pas dissociable de l’œuvre
Il en est le prolongement sensible. Chaque pièce est pensée telle une apparition — à la fois autonome et contextuelle.
Un premier impact visuel : une présence, une intensité. Puis, à mesure que le regard s’approche, les subtilités — tensions internes, micro-reflets, accidents de matière.
C’est dans cette dialectique, entre perception immédiate et exploration progressive, que la mosaïque s’anime en surfaces palpitantes, traversées par le temps.
Non comme objets finis mais comme espaces d’expérience — étonnants, vivants, perceptifs.
4/4
— Comme un ciel avant l’orage
Mon travail est la scène d’un drame sourd, jamais illustratif, mais latent.
Ce clair-obscur, récurrent dans mes pièces, n’est pas un simple effet plastique : c’est l’expression d’une dramaturgie intérieure.
Une manière d’inscrire dans la matière ce qui se dérobe, ce qui échappe — comme un éclat de lumière dans un pli d’ombre.
ce qui reste
Une empreinte durable
Ce qui m’importe, ce n’est pas ce que mes œuvres disent,
mais ce qu’elles provoquent.
Un étonnement.
Un équilibre fragile, une tension contenue.
Une forme d’éclat — discret mais irrécusable.
Intranquilles, sobres, tenues,
je veux qu’elles désarçonnent doucement.
Qu’elles déplacent le regard, sans chercher à séduire ni à expliquer.
Rien de spectaculaire,
mais un choc ténu, précis.
Quelque chose qui persiste — sans qu’on sache pourquoi.
Comme une île, perdue dans l’immensité.